dimanche 30 août 2009

En Bretagne, les autorités publiques bataillent contre l’algue tueuse

Les algues peuvent-elles tuer ? La mort d'un cheval sur le littoral des Côtes-d'Armor, fin juillet, dans une zone où prolifèrent des algues vertes et où plusieurs incidents ont déjà eu lieu, a ramené le projecteur sur le phénomène des marées vertes, sensible depuis les années 1970 dans plusieurs régions du monde, notamment en Bretagne.
L'état et les collectivités locales mènent depuis 10 ans des actions préventives pour tenter d’enrayer ce phénomène. Le 7 aout, a l’occasion d’une conférence sur le sujet la préfecture des Côtes d'Armor a rappelé que ce phénomène apparaît chaque année de mai à octobre. Selon la préfecture la prolifération de ces algues sur ce littoral est due à la combinaison de 3 facteurs. D’une part, la topographie de la Baie de Saint Brieuc ou de Saint-Michel en Grève, qui sont des baies fermées. D’autre part, une température de l'eau, un éclairement suffisant et le fait que les baies sableuses peu profondes sont ainsi des sites particulièrement favorables au développement des algues vertes. Enfin, la présence d’une surcharge d’azote dans l’eau des rivières qui se jettent dans ces baies. L'apport azoté sur les sols trop souvent plus important que les possibilités d'absorption réelles des plantes, entraine le surplus d'azote a ruisselé vers les rivières et a entraîné leur surcharge en azote. Cet azote s'est logiquement retrouvé rejeté en mer ce qui permet aux algues vertes de proliférer.
Fort de ces constats, l’autorité publique a souligné qu’en Bretagne, la lutte contre le développement du phénomène des algues vertes s'inscrit dans le cadre plus général de la reconquête de la qualité de l'eau. La politique que l'Etat a développé depuis plus de 10 ans a permis de mettre en place un certain nombre d'outils pour reconquérir cette qualité de l'eau et donc agir sur le phénomène des algues vertes.
Enfin la préfecture à profiter de cette occasion pour énoncer les 6 axes d’interventions développés par les autorités dans son action de reconquête.

1 - Les programmes d'action Directive Nitrates :
Ces programmes visent à mieux protéger les eaux contre la pollution par les nitrates d'origine agricole.
Ces programmes ont imposé aux exploitants agricoles, depuis 1996, une quinzaine de mesures dont le but est de limiter les taux de nitrates dans les rivières : limitation des apports azotés sur certaines zones du département (zone d'excédent structurel : limitation de l'apport à 170 ou 140 unités d'azote par hectare), limitation d'extension des cheptels sur certains secteurs sensibles, obligation de stockage des effluents d'élevage... Le 4ème plan d'actions signé par le Préfet le 29 juillet 2009 renforce ce dispositif en prévoyant notamment la mise en place de bandes enherbées ou boisées le long de tous les cours d'eau, la couverture hivernale des sols en zone vulnérable...

2 - Les programmes d'action Bassins Versants contentieux
Programme d'actions mis en oeuvre dans 9 bassins versants bretons dont 6 dans les Côtes d'Armor suite au contentieux ouvert par la commission européenne contre la France portant. Ce programme vise en particulier à limiter sur ces zones, les apports d'azote.

3 - La mise en place de moyens incitatifs : les mesures agri-environnementales (MAE)
- mise en place d'aides financières à l'attention des exploitants agricoles afin de modifier leur système d'exploitation et ainsi utiliser moins d'azote :
- favoriser l'agriculture biologique
- favoriser le développement d'un système d'élevage fondé sur le fourrage plus économe en apport d'engrais (azote)

4 - Les contrôles des exploitations agricoles
L'Etat a fortement renforcé le contrôle des exploitations agricoles : 1500 exploitations vérifiées chaque année sur l'ensemble du département sur 9 000 exploitations
- 16% des exploitations costarmoricaines sont contrôlées chaque année par 20 inspecteurs de l'Etat

5- Les actions d'accompagnement et de soutien des collectivités
L'Etat sensibilise chaque année les acteurs intervenant en matière de ramassage des algues vertes sur les aspects sanitaires de ce phénomène par l'envoi annuel aux communes littorales et aux professionnels du secteur de conseils et de recommandations, ainsi que de consignes pour l'information du public.
Les maires, en tant qu'autorité de police sur le territoire communal, organisent avec efficacité depuis de longues années cette collecte et ont pris les mesures de prévention et de réglementation des zones touchées par les algues vertes.

6-L'accompagnement financier des communes par l'Etat
L'Etat a ouvert la possibilité pour les communes concernées de recevoir des subventions d'investissement afin de participer au financement d'équipement nécessaire à la collecte et au traitement des algues échouées.
Espérons que ces actions seront efficaces, mais en ce qui nous concerne, il nous semble que le volet sensibilisation et accompagnement pédagogique de la filière agricole est un peu faible…

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